Port du foulard : usages et traditions à travers le monde
En Iran, le port du foulard reste obligatoire dans l’espace public depuis 1983, alors qu’en France, il est interdit dans les écoles publiques depuis 2004. Dans certaines régions d’Afrique de l’Ouest, le foulard se transmet comme un héritage familial, chargé de symboles identitaires. Au Japon, il accompagne l’uniforme scolaire sans connotation religieuse.
Cette pièce de tissu, adoptée ou contestée selon les époques et les sociétés, traverse les frontières et les générations. Les règles qui l’entourent varient, oscillant entre contrainte, tradition, distinction sociale ou choix individuel.
Plan de l'article
Le foulard à travers l’histoire : origines, évolutions et symboles
Le foulard n’appartient à aucune culture unique et ne se laisse enfermer dans un seul usage. Il a traversé les siècles, évoluant, se métamorphosant, absorbant des sens multiples au fil du temps. Au moyen âge, le voile s’impose en Europe comme marque de respectabilité pour les femmes, puis s’affirme ailleurs comme symbole de statut social ou d’appartenance religieuse. L’influence de l’islam, dès ses origines, marque le vêtement féminin et fait du hijab, du tchador, de la shayla autant de signes visibles d’une identité, d’une pudeur revendiquée ou d’une piété affirmée.
Dans la péninsule arabique, l’histoire du foulard se tisse entre traditions anciennes et aspirations contemporaines. Les émiratis, héritiers des bédouins, perpétuent des usages transmis de génération en génération : les femmes portent l’abaya, la shayla, le hijab. Ces tissus noirs, souples, enveloppent sans effacer la personnalité, s’adaptent à la vie quotidienne et répondent à la dimension spirituelle. Si la religion façonne les choix, la coutume reste vivace, défiant la standardisation vestimentaire.
Pour Nicole Pellegrin, historienne, le foulard est bien plus qu’un simple accessoire : il se lit comme une archive sociale, un code mouvant. Il distingue, protège, soumet ou libère, selon le contexte et l’époque. Le foulard devient alors un véritable langage, jamais figé, toujours en mouvement.
Pourquoi le foulard revêt-il tant de significations selon les cultures ?
Le foulard ne se limite pas à une fonction de protection : il porte un récit. Chaque culture lui attribue des registres variés, religion, statut social, mode, identité. Aux Émirats arabes unis, par exemple, le voile n’est pas imposé par la loi, ce qui le distingue de l’Arabie Saoudite. Les pratiques diffèrent d’un pays à l’autre, d’une ville à l’autre, parfois même d’une famille à l’autre. La religion structure certains repères, tout en laissant place aux interprétations, aux nuances, aux compromis entre tradition et modernité.
Le statut social se révèle aussi dans la façon de nouer le foulard, dans le choix des tissus, dans l’audace d’une couleur ou la sobriété d’un noir profond. Chez les hommes émiratis, la ghutra ou le shemaqh, rehaussé de l’agal, porte la marque de l’héritage bédouin tout en s’adaptant à l’époque actuelle. Les femmes, elles, privilégient l’abaya, la shayla ou le hijab, souvent transmis par leurs aînées, parfois revisités sous l’influence des tendances européennes.
Voici comment le foulard trouve sa place dans les sociétés :
- Foulard symbole : il enveloppe, distingue, isole parfois, réunit souvent.
- Foulard traditions religieuses : il trace la limite entre le sacré et le profane.
- Utilisation foulard : utilitaire sous le soleil, stylé sur les podiums, marqueur identitaire dans l’espace public.
À chaque histoire collective son foulard. Les usages se réinventent, les significations s’entrecroisent, les traditions s’exportent ou s’adaptent d’un continent à l’autre. Sous la soie ou le coton, il y a tout un récit à décrypter.
Voyage autour du monde : styles, usages et traditions du foulard aujourd’hui
À Dubai, le foulard accompagne le rythme de la ville, se faufile dans les malls, capte les regards lors du Dubai Shopping Festival. Cette métropole cosmopolite, à la croisée des influences orientales et occidentales, cultive le mélange : shayla légère en mousseline, foulard de soie brodé, motifs puisés dans l’art islamique ou touches colorées venues de la mode européenne. Rien n’est jamais figé : chaque foulard devient trait d’union entre héritage et modernité.
Dans les Émirats arabes unis, d’Abu Dhabi à Ras Al Khaimah, le port du foulard prend différentes formes :
- abaya foncée et shayla aérienne pour les femmes,
- ghutra blanche ou rouge à carreaux pour les hommes, toujours maintenue par l’agal.
Ici, le foulard sert de signe distinctif, d’affirmation, parfois de manifeste esthétique. L’élégance se lit dans la matière choisie, la précision du drapé, la discrétion du détail.
Le foulard voyage bien au-delà de la péninsule arabique. En Asie centrale ou en Afrique de l’Ouest, il devient turban, pagne ou paréo, selon les techniques de tissage ou de teinture héritées des ancêtres. Les motifs dévoilent l’histoire d’une communauté, les couleurs révèlent l’appartenance à un groupe ou à une région particulière.
Voici quelques usages du foulard observés autour du globe :
- Protection contre les éléments naturels comme le soleil ou le sable
- Accessoire de mode exposé sur les podiums
- Symbole de rang social ou de spiritualité
Le foulard, universel et polymorphe, relie les cultures, brouille les frontières visibles, investit le champ artistique autant que le quotidien. D’un pays à l’autre, il se glisse dans la vie, porteur de récits, miroir des valeurs, parfois enjeu de débats, souvent marqueur d’identité. À travers lui, c’est tout un pan de l’humanité qui s’exprime, résiste ou s’invente.
